Le savoir à travers les continents. Say yes to performance!

La programmatrice Elisa Liepsch lance sa première saison au Beursschouwburg.

Comme l'a montré la spécialiste des études postcoloniales Gayatri Spivak, le savoir s'accompagne toujours d'une hiérarchisation, certaines formes de savoir étant invariablement disqualifiées tandis que d'autres sont produites pour dominer. Le colonialisme a laissé de profondes traces, parmi lesquelles l'universalisation et la priorisation des systèmes de savoir blancs occidentaux d'un côté, et l’anéantissement, l'invisibilisation et la silenciation des savoirs des territoires colonisés de l'autre. Un véritable 'épistémicide', comme l'a nommé le sociologue Boaventura de Sousa Santos. Le racisme, le sexisme, la xénophobie, l'antisémitisme, l'islamophobie et l'homophobie témoignent encore aujourd'hui, en Europe, de la permanence de l'occupation coloniale.  

Ici, au Beursschouwburg, nous nous sommes donc demandé·e·s comment continuer à produire et montrer des oeuvres artistiques dans un tel contexte, marqué par les histoires coloniales et la violence systémique et persistante qui les caractérise. Gayatri Spivak nous a répondu : désapprentissez radicalement les paramètres qui vous environnent, démantelez le canon européen et ses structures de pouvoir, mettez-vous à l'écoute des sans voix et de leur savoir étouffé.

Pour réaliser une véritable décolonisation des institutions artistiques et de leurs programmes, il nous faut d'abord repenser nos méthodes de travail. Pour mener à bien le processus de décolonisation, qui doit être une décolonisation de l'esprit, il nous faut unir nos forces et, tous ensemble, inclure les voix et points de vue des colonisé·e·s, reconnaître et accepter nos différences, placer la pluralité des savoirs au centre du débat et déconstruire l'idée même de "critère de qualité". Ce processus s'articulera différemment selon le contexte, mais chacune de ces articulations pourra être perçue comme une pratique commune, émancipatrice pour ‘the many’.

Notre programme printanier se concentre donc sur les épistémologies artistiques du Sud et les savoirs situés, avec des productions de danse, des performances et des lectures performatives. Face au retour en force des nationalismes et de leurs canons au sein de sociétés globalisées, il nous semble nécessaire de réfléchir à la solidarité internationale, à une idée globalisée des arts et à une pratique curatoriale critique. Peut-être cela débouchera-t-il sur une proposition de nouveau canon, voire quelque chose que nous ne parvenons pas encore à imaginer. Réfléchissons, ensemble, avec Achille Mbembe : "A partir de maintenant, le monde se conjugue au pluriel".  

Elisa Liepsch, programmatrice arts de la scène Beursschouwburg

 

PROGRAMME PRINTEMPS 2020

Comme l'a montré la spécialiste des études postcoloniales Gayatri Spivak, le savoir s'accompagne toujours d'une hiérarchisation, certaines formes de savoir étant invariablement disqualifiées tandis que d'autres sont produites pour dominer. Le colonialisme a laissé de profondes traces, parmi lesquelles l'universalisation et la priorisation des systèmes de savoir blancs occidentaux d'un côté, et l’anéantissement, l'invisibilisation et la silenciation des savoirs des territoires colonisés de l'autre. Un véritable 'épistémicide', comme l'a nommé le sociologue Boaventura de Sousa Santos. Le racisme, le sexisme, la xénophobie, l'antisémitisme, l'islamophobie et l'homophobie témoignent encore aujourd'hui, en Europe, de la permanence de l'occupation coloniale.  

Ici, au Beursschouwburg, nous nous sommes donc demandé·e·s comment continuer à produire et montrer des oeuvres artistiques dans un tel contexte, marqué par les histoires coloniales et la violence systémique et persistante qui les caractérise. Gayatri Spivak nous a répondu : désapprentissez radicalement les paramètres qui vous environnent, démantelez le canon européen et ses structures de pouvoir, mettez-vous à l'écoute des sans voix et de leur savoir étouffé.

Pour réaliser une véritable décolonisation des institutions artistiques et de leurs programmes, il nous faut d'abord repenser nos méthodes de travail. Pour mener à bien le processus de décolonisation, qui doit être une décolonisation de l'esprit, il nous faut unir nos forces et, tous ensemble, inclure les voix et points de vue des colonisé·e·s, reconnaître et accepter nos différences, placer la pluralité des savoirs au centre du débat et déconstruire l'idée même de "critère de qualité". Ce processus s'articulera différemment selon le contexte, mais chacune de ces articulations pourra être perçue comme une pratique commune, émancipatrice pour ‘the many’.

Notre programme printanier se concentre donc sur les épistémologies artistiques du Sud et les savoirs situés, avec des productions de danse, des performances et des lectures performatives. Face au retour en force des nationalismes et de leurs canons au sein de sociétés globalisées, il nous semble nécessaire de réfléchir à la solidarité internationale, à une idée globalisée des arts et à une pratique curatoriale critique. Peut-être cela débouchera-t-il sur une proposition de nouveau canon, voire quelque chose que nous ne parvenons pas encore à imaginer. Réfléchissons, ensemble, avec Achille Mbembe : "A partir de maintenant, le monde se conjugue au pluriel".  

Elisa Liepsch, programmatrice arts de la scène


PROGRAMME PRINTTEMPS 2020

La Fleur - NANA ou est-ce que tu connais le bara 
FR 07.02 & SA 08.02 20:30

Let Me Know démarre en dansant avec Nana ou est-ce que tu connais le bara ?, du collectif afro-européen La Fleur. Jetant un oeil critique sur le canon littéraire européen, la pièce déconstruit le roman éponyme d'Émile Zola et revisite le personnage de Nana via un mélange de théâtre et de danses urbaines, notamment originaires de Côte d'Ivoire. Et si Kim Kardashian, Emma Lohoues et Diaba Sora étaient les Nanas de notre époque? Capitalisme. Liberté des corps. Bourgeoisie. Prolétariat. Au final, qui détient réellement le pouvoir? en savoir plus

 

Rosana Cade - Walking:Holding
FR 21.02, SA 22.02, SU 23.02

Que se passe-t-il lorsque deux personnes qui ne se connaissent pas se rapprochent l'une de l'autre, en public ? Comment l'Autre perçoit-il ma ville? Rosana Cade invite à parcourir les rues de Bruxelles, main dans la main avec l'inconnu. Dans Walking:Holding, des artistes bruxellois partagent leur histoire et leur expérience de cette connexion intime, en public, et de ce qu'elle implique. Les participants découvrent Bruxelles sous un nouveau jour et apprennent à dépasser les (in)visibilités. en savoir plus

 

Mamela Nyamza - Black Privilege 
FR 06.03 & SA 07.03 20:30

Dans sa nouvelle oeuvre, Black Privilege, Mamela Nyamza se concentre sur l'hypocrisie sous-jacente structurant nos sociétés, au sein desquelles chacun est constamment (pré)jugé. Voyageant entre rituel d'incantation de femmes fortes et procès de puissants responsables d'actes affreux, Mamela Nyamza brouille les frontières entre loi et spiritualité, ressuscitant au passage (pour les juger et, éventuellement, les célébrer) les héroïnes oubliées et rejetées du combat sud-africain pour l'indépendance. en savoir plus

 

Ogutu Muraya - On Thin Ice
FR 20.03 & 21.03 20:30

On Thin Ice consiste en la lecture d'un extrait du projet-de-livre-toujours-en-cours d'Ogutu Muraya. Ce qui a démarré comme un essai de localisation et de cartographie de soi, sur fond d'exode en terre inconnue (de Nairobi à Amsterdam, en 2014), s'est transformé, au fil des ans, en archives personnelles touffues. Depuis rentré à Nairobi, Ogutu Muraya travaille à métamorphoser ce journal intime en perpétuelle expansion en une sorte d'autobiographie fragmentée l'aidant à mieux appréhender les enjeux de son expérience de la diaspora. en savoir plus

 

Selina Thompson - salt.
FR 27.03 & SA 28.03 20:30

Le solo salt. traite de la douleur, des origines, du chez-soi, de l'oubli et du colonialisme. Il se confronte à la persistance de l'histoire coloniale dans la vie de tous les jours et à la politique du deuil. Créée en collaboration avec des collectifs d'artistes d'Accra (Ghana) et de Kingston (Jamaïque), la pièce s'intègre dans un vaste travail d'exploration de l'identité noire, de l'expérience de la diaspora et des changements et guérisons à venir. en savoir plus

 

Rodrigo Batista - The Furious Rodrigo Batista (Side A) + The B-Side
FR 03.04 & SA 04.04 20:30

Désespéré par la situation politique actuelle, Rodrigo Batista a déversé toute sa rage dans The Furious Rodrigo Batista (Side A) + The B-Side. Sa révolte sur scène s'attaque, notamment, au déclin de la démocratie au Brésil, qui a radicalement transformé la perception de son rôle en tant que praticien du théâtre. Quelles sont les conséquences de l'échec de la démocratie sur la représentation, en soi et de soi? Comment mettre en scène le discours politique, et quelle attitude adopter, artistiquement parlant, pour déclencher une véritable insurrection? en savoir plus

 

Carolina Mendonça / Catalina Insignares -  useless land
SA 25.04 23:00 - 08:00

Enfin, avec useless land, nous vous invitons à passer la nuit, sur une grande île toute douce. Étendez-vous et écoutez, tous ensemble, les voix de Carolina Mendonça et Catalina Insignares, jusqu'au lever du soleil. La nuit est un temps suspendu universel, propice à l'assimilation. Les sons s'écouleront au goutte à goutte dans vos oreilles, distillant leurs histoires. Entre vigilance et sommeil, vous écouterez tous ensemble, malgré les différences de langues et de rêves, dans cet espace commun où le sommeil permet d'appréhender le monde. en savoir plus

 

 

LET ME KNOW - FEB MAA APR 2020  en savoir plus

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A propos de Beursschouwburg

Le Beursschouwburg est un centre d'art et de réflexion multidisciplinaire, un lieu de rencontres et d'échanges profondément ancré dans la réalité bruxelloise. Ici, nous encourageons les pratiques locales et soutenons leur intégration dans une perspective globale plus large. 

Le Beursschouwburg fonctionne comme une plateforme de présentation et développement pour un large éventail de pratiques et de recherches artistiques, comme un réseau de soutien et d'expérimentation pour les artistes, les collectifs, les penseurs et les penseuses, et enfin, comme un lieu pour questionner la normativité et accueillir de nouveaux récits.

Grâce à des collaborations fertiles, nous co-créons des programmes pour susciter des rencontres entre les publics et les genres, à la croisée de l'art et de la vie quotidienne, des artistes émergents et établis, de l'urgence et de la joie.

Beursschouwburg
Rue Auguste Orts 20-28
1000 Bruxelles